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Rachialgies et anticipation

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Les douleurs vertébrales et dérivées sont la caricature de la maladie d’anticipation. Il s’agit de névralgies fulgurantes, extrêmement pénibles et imprévisibles, pour deux raisons :
—Elles sont déclenchées dans des mouvements de faible amplitude et combinant différents axes, si bien que la personne a des difficultés considérables à repérer les contextes déclenchants précis et à s’en prémunir.
—La plupart du temps elles sont ressenties à distance de la réelle source du problème (douleur projetée), car elles sont localisées par la personne à la terminaison du nerf et non à l’endroit où il se fait irriter. Le rôle normal du nerf est de transmettre l’information d’une lésion de la zone qu’il prend en charge ; s’il est lui-même irrité, il raconte la même chose, trompant son propriétaire. Même avertis, la plupart des gens continuent de se fourvoyer, car habitués à faire une confiance aveugle aux signaux de leur organisme. En voulant protéger l’endroit qui fait mal, par des compensations sur les articulations voisines, ils aggravent le problème au rachis.

Le rachialgique se trouve ainsi engagé malgré lui dans un film d’anticipation version gore, où un tortionnaire hideux et sadique, la douleur, le guette dans un labyrinthe de mouvements, sans aucune idée de l’endroit d’où il surgira. Doit-on être étonné que la conduite de cette personne devienne rapidement précautionneuse et inefficace ? Toute coordination est perdue. Le moindre départ de geste est une aventure dangereuse. Les antalgiques ne font que gommer légèrement la douleur, inopérants au plan mécanique.
Ce n’est plus un trouble en rapport avec des lésions vertébrales, mais une maladie d’anticipation.

Bien que ce diagnostic soit rarement fait et expliqué, le rachialgique se voit généralement prescrire un traitement adapté : la rééducation. Le kinésithérapeute reprogramme des conduites automatiques, qui vont redonner confiance à la personne dans ses propres gestes. Il existe un effet double de la gymnastique : le reconditionnement physique à l’effort proprement dit, et le caractère de rituel des mouvements à répéter, incantation qui éloigne le spectre du mouvement algique imprévisible. C’est pour cela que l’analyse des mouvements doit être très fine et personnalisée. Tout déclenchement intempestif de la douleur habituelle doit être soigneusement esquivé, particulièrement en début de traitement.

Il se produit fréquemment un phénomène de transfert identique à la cure psychanalytique : Le rééducateur est le prêtre qui indique la voie bénie du mouvement indolore. Le patient n’ose le quitter et se lancer dans la jungle du sport autonome, associatif ou commercial. Le kinésithérapeute qui ne cherche pas à se marier avec son patient fera un sevrage progressif grâce au renforcement positif et à l’espacement des séances.

Quel avantage pour le médecin à reconnaître la douleur vertébrale chronique comme une maladie d’anticipation ?
C’est la définition d’une phobie, et la phobie concerne très souvent le travail. La personne s’est lentement persuadée, au fil d’un arrêt de travail qui se prolonge, qu’elle sera incapable de reprendre son ancienne activité. Le médecin accuse prestement les bénéfices évidents qui existent à voir arriver son salaire sans mettre le pied au boulot, mais ce phénomène concerne aussi les gens qui se plaisent à leur travail et sont plutôt inquiets de s’en absenter. Quand il n’existait pas, avant l’arrêt, d’inadaptation psychologique au poste, la phobie douloureuse est une explication plus judicieuse.

La pire réaction devant une phobie est de la laisser s’installer et s’autonomiser, dans des arrêts de travail de plusieurs mois jamais réellement justifiés par des motifs d’examen physique. Le traitement repose sur un abord précoce du problème quand l’on repère des signes de « découragement » physique que l’examen objectif ne semble pas justifier. Il existe bien sûr un terrain prédisposant. L’assurance physique antérieure à la maladie est cardinale.

Pour traiter cette phobie, le rééducateur doit interroger le travailleur sur les gestes précis qu’il effectue quotidiennement, et en commencer la reprogrammation. Que le travailleur montre ce qu’il sait faire aide à le sortir de sa situation de dépendance. Idéalement, vers la fin des séances, il aura simulé toutes les tâches qui l’attendent à son retour au travail. Les conduites phobiques s’éteindront, n’ayant plus aucune utilité.


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